Réal au Sénégal

 

 

Il était une fois des villageoises sénégalaises qui souhaitaient apprendre à lire et à compter. Plusieurs d’entre elles étaient motivées par le désir d’accompagner leurs enfants dans les travaux scolaires, l’école étant maintenant obligatoire. Le groupe en a fait la demande à l’organisme Mer et Monde*. De ce côté-ci de l’Atlantique, Marie-Aimée Lamarche – qui venait de terminer son baccalauréat en adaptation scolaire et sociale — s’était justement inscrite comme stagiaire bénévole auprès du même organisme. C’est qu’elle voulait « découvrir le monde » tout en faisant action utile. Comme le hasard fait bien les choses, Marie-Aimée a été affectée aux ateliers d’alphabétisation de ce village, en même temps qu’une autre jeune Québécoise, Julie Fortin. Mentionnons que toutes deux avaient suivi la formation d’initiation à la coopération donnée par Mer et Monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Au moment de mon départ pour l’Afrique, dit Marie-Aimée, j’avais déjà travaillé 18 mois sur le projet Réal de Montréal et je connaissais à fond la méthode. Sachant très bien qu’il n’y aurait pas de matériel didactique sur place, j’ai apporté un exemplaire des quatre premiers cahiers, les seuls qui étaient imprimés à l’époque. »

Dans la petite communauté de Yendane, à 75 kilomètres de Dakar, les deux coopérantes stagiaires ont fait l’« école » cinq jours par semaine, de 16h à 18h. Cet horaire correspondait au moment où les femmes étaient les plus disponibles, ayant mis le repas du soir sur le feu. Selon les jours, elles pouvaient être plus de 20, ou aussi peu que quatre, tout  dépendant de leurs occupations, y compris le travail aux champs.

Alors que Julie s’occupait des débutantes, Marie-Aimée travaillait avec les villageoises qui étaient déjà allées à l’école. La plupart de celles-ci – dont la scolarité correspondait à peu près à une deuxième année primaire – étaient capables de lire (assez bien) et d’écrire (un peu), mais leurs connaissances étaient disparates et incomplètes, et les femmes manquaient terriblement de confiance en elles. Mentionnons que, au Sénégal, le français n’est pas parlé dans le quotidien, bien que ce soit la langue officielle du pays et la langue de l’éducation. Les gens utilisent plutôt une des langues nationales, surtout le wolof. Par ailleurs, comme le pays est de tradition orale, la lecture des journaux ne fait pas encore partie des mœurs, et encore moins en dehors des villes. Il faut dire que les occasions de lire ou d’écrire sont rares quand la vie tourne autour d’une petite agriculture artisanale, ici la production des arachides.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Les contraintes ne nous ont pas empêchées de travailler fort pendant les trois mois du stage, poursuit Marie-Aimée. Et même si le temps que les femmes pouvaient consacrer à cette activité était limité, elles ont fait de bons progrès. Mais c’est certain que nous avons toutes eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur le matériel de Réal de Montréal. C’était l’approche idéale pour les élèves les plus faibles. Elles ont pu, par exemple, apprivoiser les éléments de base et bien intégrer l’association des lettres avec les sons. Du même coup, elles ont amélioré leur vocabulaire.

« Pour les élèves plus avancées, le matériel a permis d’identifier rapidement les lacunes et de les travailler. Grâce au fait que les leçons comprenaient des éléments qui leur étaient connus, les femmes ont pu tabler sur leurs acquis pour progresser à un bon rythme. En plus, elles trouvaient ça très intéressant : toutes ont aimé faire la connaissance de nos personnages!

« Pour l’un et l’autre groupe, Réal de Montréal nous a permis de procéder d’une manière logique et surtout très graduelle. Malheureusement, parce que nous n’avions qu’un exemplaire de chaque cahier, les élèves n’ont pas eu le plaisir et la stimulation que représente le face-à-face avec les exercices. Chaque femme possédait tout de même une ardoise sur laquelle elle pouvait écrire. Nous avons aussi fait une partie du travail de manière orale : chacune dans son groupe, Julie et moi écrivions des textes des leçons au tableau pour qu’on les lise à haute voix puis qu’on vérifie la compréhension par différentes questions. »

 

 

Marie-Aimée Lamarche a poursuivi son travail dans l’équipe de Réal de Montréal après la fin de son stage. Elle espère retourner en Afrique dans un avenir pas trop éloigné.

 

 

Mer et Monde est un organisme québécois d’initiation à la coopération internationale qui envoie chaque année quelques centaines de stagiaires, jeunes et moins jeunes, pour aider divers organismes du Honduras et du Sénégal. Sur place, le travail des stagiaires est encadré par les responsables de Mer et Monde et de l’organisme hôte.